Philippe Gabilliet est Docteur ès sciences de gestion,
spécialiste du développement personnel et professeur de psychologie depuis
quinze ans à l’ESCP Europe (Paris). Il a écrit
« Eloge de l’optimisme, ou comment les enthousiastes font bouger le
monde » et « Eloge de la chance, ou l’art de prendre sa vie en
main. ». Il est aussi vice-président de la Ligue des Optimistes de France.
Son pas est rapide. Résolu. A première vue, Philippe Gabilliet est un homme pressé, très
sollicité. « C’est vrai que je peux être
parfois speed, mais je ne suis
plus stressé - dit- il alors que nous nous installons dans son
bureau très ordonné - parce que désormais je ne fais que ce qui me
plait. » Le professeur bénéficie d’une année sabbatique et a redéfini
les contours de ses responsabilités.
Exit les charges de management. Il se consacre exclusivement à ce qui
lui tient à cœur : comprendre comment les individus peuvent agir sur
eux-mêmes, prendre leur vie en main. D’où son état d’esprit du moment :
« Je suis serein, j’ai l’impression d’être
à ma place, je suis en énergie. » Et c’est dans cette énergie qu’il
donne des conférences sur l’optimisme et la chance, dont il fait l’éloge dans
ses deux derniers livres. Un homme pressé mais qui sait se poser et imprimer des
changements de rythme. L’entretien est tout en concentration et en présence
véritable, soulignées par une voix assurée et un regard qui ne se dérobe
jamais.
Le héraut de l’optimisme en France serait-il tombé dedans
quand il était petit ? Philippe Gabilliet dit avoir été un enfant très
aimé et particulièrement par une grand-mère qui lui vouait une indéfectible
admiration. En avance sur son âge parce qu’il a appris à lire très tôt,
il est le plus petit de ses camarades. Affublé de lunettes épaisses, pas
sportif pour deux sous, c’est le prototype de premier de la classe. Du genre
qui se fait moquer souvent. Un premier de la classe qui cache pourtant bien son
jeu. Philippe Gabilliet ne sait pas compter. « Je suis un analphabète des
chiffres, je ne les comprends pas… j’ai une case en moins.» avoue-t-il sans
ambages. Dommage pour celui qui rêvait d’être médecin. Une porte se ferme sur
cette aspiration. Qu’importe, si les chiffres lui résistent, il se tournera
vers la parole et apprendra, parfois en quelques semaines, plusieurs langues
étrangères. Après le bac, il voudra être acteur, préparera son dossier pour le
cours Florent avec le soutien de sa mère, mais c’est son père qui posera un
veto. Trop risqué, pas aligné avec le statut social de la famille. Philippe
Gabilliet entre alors à Science Po Bordeaux. Si son itinéraire professionnel
emprunte quelques détours, la passion de Gabilliet pour la matière humaine reste
son fil d’Ariane. Il dit ne rien regretter de sa trajectoire aux
ambitions contrariées. « Tout ce que j’ai fait m’a servi. »
insiste-t-il avec un geste qui englobe.
2010, Philippe Gabilliet rencontre Luc Simonet, le fondateur
de la Ligue des Optimistes de Belgique et de l’Internationale des Optimistes et
appréhende alors l’optimisme en tant que concept. Il comprend qu’il s’agit non
seulement d’un trait de caractère -dont il reconnait être généreusement doté-
mais aussi potentiellement d’une démarche intellectuelle, voire une posture
sociale.
2010, c’est l’année où la Ligue des Optimistes voit le jour
en France, présidée par France Roque. Gabilliet en devient le vice-président et
entame la rédaction d’un livre de commande : « Eloge de
l’Optimisme ». L’auteur saisit l’opportunité pour s’emparer du sujet sous
de multiples dimensions et devenir son
plus médiatique porte-voix en France. « Au-delà de l’idée philosophique,
souligne-t-il, il existe bien une méthodologie et une métrologie de
l’optimisme. » Gabilliet ouvre un champ des possibles pour tous ceux que
l’optimisme démange et fourbit ses
arguments pour tous ceux que la posture dérange. « Le risque majeur,
prévient-il, c’est que l’optimisme soit confondu avec sa caricature, version
naïve ou béate ». D’où la nécessité, selon lui, d’articuler habilement
l’optimisme et le pessimisme comme deux forces aussi contraires que
complémentaires.
Prendre sa vie en main, disposer d’un sentiment de contrôle,
agir sur soi et sur ce qui est autour de soi, c’est le credo de Gabilliet. La
force de la volonté comme moteur essentiel ? « Oui mais attention,
prévient-il, la volonté en tant que focalisation de l’imagination dans une
direction donnée. » Le professeur est convaincu de l’importance du concept
d’efficacité personnelle et d’auto transformation, notions développées par le
psychologue américain Albert Bandura, dans sa théorie sociocognitive, que
Gabilliet cite amplement.
Il aimerait que l’on retienne de lui qu’il a « porté
chance ». Avoir été de ceux qui, en parlant au cœur et à la conscience des
hommes, leur donnent à voir les opportunités qui les entourent et qu’ils ne
soupçonnaient peut-être pas. Avoir donné un coup de pouce pour activer le
pouvoir que chacun d’entre nous peut avoir sur lui-même et sur sa vie. Une
autre façon de soigner, une autre façon d’être acteur. Et de fait, il crée le
buzz sur Internet autour de ses discours, cartonne devant une assemblée de
personnes handicapées et fait salle comble à chaque conférence, du salon Zen
aux séminaires d’entreprises en quête de sens. « Dans le contexte
professionnel, modère-t-il, l’enthousiasme ne s’exprime pas facilement en
public.» C’est à postériori qu’arrivent les mails de remerciements. Comme si il
fallait encore se cacher pour conjuguer optimisme et vie en entreprise. «
Pourtant, insiste Philippe Gabilliet, c’est un angle d’attaque
incontournable. Et particulièrement en période d’incertitude, parce-que
c’est la seule posture qui peut insuffler de l’énergie à ceux qui nous
entourent !» A bon entendeur…
Des liens pour aller plus loin :
Posté par Christine Cayré B&O France
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